Entouré de grands pins des Landes très élancés, le groupe scolaire semble presqu’enfoncé dans le sol sous les longs pans de ses toits en tuile rouge. L’impression est toute autre à l’intérieur, tant les volumes sont généreux et lumineux sous les rampants de toiture en bois blond.
Saint-Aubin-de-Médoc est une commune résidentielle au coeur des Landes Girondines. Avec 2 700 hectares de forêt sur 3500 hectares de superficie totale, elle peut légitimement revendiquer le titre de « Village Nature ». Le choix de la municipalité de localiser le nouveau Groupe scolaire en bordure des 50 hectares de la Plaine des Sports est très judicieux. Ce voisinage permet de mutualiser les équipements. Les limites du terrain n’étaient pas définies de façon rigide et laissaient donc une grande marge de manoeuvre aux architectes. « Quasiment plat, avec une très bonne tenue du sol aux charges et sans présence d’eau, le terrain présentait des caractéristiques physiques et géologiques optimales pour la conception du projet, au profit d’une réflexion libérée sur l’intégration au site et l’usage, au bénéfice des enfants et des habitants de Saint-Aubin-de-Médoc. Bénéfice également financier, tient à souligner Éric Wirth, l’architecte du projet, puisque, l’essentiel de l’investissement a pu être affecté, pour une fois, à ce qui se voit. »v
L’implantation du bâtiment étant peu contrainte, l’architecte a privilégié l’orientation nord-sud du bâtiment pour maîtriser simplement la lumière naturelle dans les salles de classes. Pour prendre de la distance, marquer une frontière, l’école est adossée à la forêt et placée derrière un premier écran de pins. Le plan est quasiment symétrique. Le parvis, en partie couvert et bien protégé, est commun aux deux écoles et dans l’axe du bâtiment. Il distribue les halls d’accueil de l’école élémentaire avec six classes à gauche, de l’école maternelle avec trois classes à droite et les locaux à usage extrascolaire, halte-garderie et CLSH. Ce parvis a donc la fonction sociale importante de permettre aux parents de se rencontrer. Le programme comportait également une salle plurivalente associée à une salle de jeux (l’ensemble totalisant 220 m2) qui devaient être accessibles par d’autres utilisateurs sans passer par les écoles.
Ces salles, qui peuvent n’en faire qu’une par escamotage d’une cloison acoustique, sont donc placées entre le parvis et le patio. Entièrement vitrées sur ces deux faces, elles contribuent à l’effet de transparence et de continuité visuelle vers l’extérieur recherché par l’architecte. Les deux écoles sont physiquement séparées mais restent en contact visuel à travers le patio, via la salle de motricité de la maternelle et la bibliothèque de l’école élémentaire. La restauration scolaire prévue pour 450 couverts occupe avec deux salles le quatrième côté du patio. Celui-ci est un lieu calme et protégé, engazonné et planté de deux arbres de haute tige à feuilles caduques. Un espace « contes » trouve naturellement sa place sous ces arbres. On observe donc un regroupement des espaces communs au centre du bâtiment autour du patio pour en simplifier la mutualisation. Ces locaux peuvent s’ouvrir largement sur le patio par des châssis coulissants. Les cours et les préaux sont placés de telle façon que les différences de rythmes entre les deux écoles et la non simultanéité des récréations ne perturbent en rien les élèves en classe. En revanche, les cours bénéficient toutes deux d’une exposition au sud.
Le programme demandait également que des extensions internes soient prévues. L’architecte a pris l’option de surdimensionner les préaux pour tirer dès aujourd’hui parti de la couverture des extensions futures. Venant se loger sous un toit préexistant, celles-ci pourraient être construites en ossature légère sur la durée de vacances estivales. Le système constructif est en maçonnerie traditionnelle isolée par l’extérieur. L’inertie thermique forte donnée par la dalle et ces murs se traduit par un décalage de douze heures du pic de température. Les volumes des classes sont généreux directement sous le rampant de toiture et sans plafond suspendu. Les lanterneaux permettent d’établir une bonne ventilation traversante, spécialement la nuit pour décharger thermiquement le bâtiment, et de bénéficier d’un éclairage complémentaire en fond de classe. Avec quelques châssis de toit, ils fournissent également l’éclairage naturel des circulations qui, par ailleurs, débouchent à chaque extrémité sur l’extérieur et la lumière. Pour éviter le gaspillage d’énergie, les classes sont équipées d’un double circuit d’éclairage.
L’architecte tient à avoir toujours une approche contextuelle. L’emploi de la tuile à forte ondulation s’imposait, mais il a cherché le contraste fort de la tuile avec la végétation en choisissant la couleur rouge franc. Larges débords de toitures, ombre profonde des grands préaux, façades en retrait : tout concourt à renforcer la prédominance du grand toit. L’écriture architecturale est contemporaine mais respectueuse de son environnement naturel et bâti. La solide charpente en pin est très présente tant à l’extérieur qu’à l’intérieur. Sa facture traditionnelle est rajeunie par l’expression des bracons biais en bois rond aux rotules galvanisées. Elle est complétée par un panneau isolant autoportant de forte épaisseur dont la sous-face est en lames de sapin vernies.
La toiture utilise tout le vocabulaire traditionnel, croupes, noues, arêtiers… Mais, par la longueur exceptionnelle des rampants qui se croisent en formant des lanterneaux, elle est perçue, avec un peu de recul, comme un jeu de grands plans très actuel. Le dépassement de la longueur admise par le DTU a rendu nécessaires la mise en place d’un écran pare pluie et l’obtention d’une validation technique de l’industriel. Le zinc à joints debout qui habille rives et pignons des lanterneaux descend jusqu’au sol sur les façades est et ouest. Les façades sont composées d’une alternance de pans vitrés et de petits volumes dont l’isolation par l’extérieur est habillée de panneaux de fibre ciment, lie de vin et gris, et de bardage horizontal de pin lazuré. À fleur du bardage, les volets roulants en aluminium laqué jaune orangé, apportent une claquante touche colorée.
// Programme : construction d’un groupe scolaire avec centre de loisirs sans hébergement – PROJET HQE.
// Maîtrise d’ouvrage : ville de Saint-Aubin-en-Médoc.
// Maîtrise d’oeuvre : Eric Wirth, architecte. Chef de projet : Thibaut Lucas.
// SHON : 2794 m2.
// Date de livraison : août 2009.
// Montant des travaux HT : 4,081 M€.
// Matériau de terre cuite : tuile double canal rouge.
// Entreprise de couverture : SECB.