Il y a tout juste cinq ans, dans le petit village alsacien d’Hégenheim, une dernière maison venait clore le programme du lotissement en lisière de forêt. Un havre de terre cuite orange, toit et murs, tout d’un bloc lumineux dans lequel deux beaux cubes blancs, comme en suspension, viennent créer la rupture.
Une dernière maison mais pas des moindres. Une maison d’architecte née de l’envie d’un couple en quête de solutions nouvelles. Cyril est ingénieur, et sa femme Caroline, professeur des écoles. Charles (8 ans) et Coline (4 ans) complètent la petite tribu. Ils habitaient auparavant un appartement et il était temps de trouver un endroit qui leur ressemble, où la famille s’agrandirait à l’aise. Ils optent pour les 680 m2 constructibles et viabilisé que leur offre le lotissement au nord du bourg. Deux avantages : un, c’est celui où Caroline exerce ; deux, ils bénéficient d’une situation privilégiée en fin de lotissement, avec la possibilité de tourner le dos aux constructions et ouvrir toutes les fenêtres sur la forêt. C’est décidé, ce sera leur terrain de jeu architectural !
Oui, le choix de passer par un architecte s’impose très vite. L’architecte fait du sur-mesure et il est totalement à l’écoute des demandes et des fonctionnalités requises. La famille ne se sent pas d’entrer au chausse-pieds dans des critères pré-conçus. Elle veut une maison qui épouse ses façons d’être et son style de vie.
Le cahier des charges confié à l’architecte Laurent Humblot, de Factory Architecture, est simple, et la relation se place d’emblée sous le signe de l’harmonie.
Les demandes sont claires, les réponses tout autant : les parents auront leurs quartiers au rez-de-chaussée, au sein d’un magnifique volume structuré autour d’une spectaculaire charpente en bois. Une immense pièce à vivre donne sur la terrasse, le jardin et au-delà, la forêt.
Au premier étage, une passerelle mezzanine fait office de salon TV et salle de jeux pour les enfants. A ce même étage, les petits chanceux se voient attribuer deux magnifiques chambres conçues comme des « cabanes » suspendues qui ressortent de l’architecture tout tuiles.
Des cabanes comme une rêverie, un retour à l’enfance et ses naïves utopies. Le mot, lâché au cours des premières conversations, fait « tilt » dans l’oreille de l’architecte. Il y aura donc des cabanes, elles signent le geste architectural. Comme deux cubes hardiment lancés en suspension dans la façade, qui délimitent des pièces très agréables et créent depuis l’extérieur une rupture de couleur.
Les cabanes constituent le trait d’union aérien entre les immenses pièces blanches et le revêtement de tuiles rousses qui recouvre tout l’extérieur. Ça, c’est le rêve de l’architecte. Une première, et un vrai plaisir.
Dès la première présentation, Cyril et Caroline sont totalement séduits par le projet. Le couple a le coup de cœur devant ce navire tout de lumière à l’intérieur, avec sa mezzanine en bastingage.
Immense et ouverte à l’intérieur, – ses 160 m2 habitables en paraissent encore davantage grâce aux 7 mètres de hauteur sous plafond…- chaleureuse car super bien isolée des températures et des (rares) bruits extérieurs grâce à la laine de bois, protégée des intempéries par son manteau intégral de tuiles.
La composition finale de la maison avec très peu de matériaux différents lui confère une indéniable modernité. Le mot des proches et amis, c’est toujours : elle est originale. Le choix de la tuile y est pour beaucoup. Le choix s’est porté sur des tuiles très plates, très modernes, au dessin simple, qui servent l’épure du dessin général.
Et à vivre, quelle douceur ! Cinq ans ont passé et la maison est là, toujours nette, toujours rayonnante, grâce à sa tuile qui restitue à la fin du jour la chaleur accumulée dans la journée sur la terrasse côté Sud. Sur celle-ci, un calepinage de bois alternant avec des dalles de grès cérame adoucit la minéralité de l’ensemble.
Pour Caroline la pragmatique, l’originalité a du bon si elle est facile à entretenir ; comme on ferait une toilette annuelle du jardin, la maison elle-même est passée au jet, toit et murs, pour garder ce bel orangé qui fait la fierté des habitants.
La tuile est un matériau vivant et les propriétaires en sont bien conscients. Si cet entretien annuel est un geste d’amour pour maintenir leur demeure dans son éclat initial, la seule modification supportée au fil du temps sera celle d’une légère décoloration liée au soleil. Mais puisque cela va dans le sens d’une plus belle lumière encore…
Heureux dans leur maison depuis cinq ans, la famille voit son choix conforté au fil du temps. Ils constatent autour d’eux combien toutes les constructions actuelles sont ternes et uniformes. Pour autant, on peut sortir du lot en douceur, sans forcément faire rechercher l’originalité à tout prix.
Les époux sont formels : ce qui les a séduits, c’est le temps long, la patience avec laquelle leur architecte Laurent Humblot les a interrogés pour connaître tout de leur vie et des fonctionnalités qu’ils attendaient de leur future demeure. « Il a construit autour de notre personnalité, quand bien des constructeurs cherchaient à nous faire rentrer dans des cases », se souvient Caroline. « L’architecte nous a au contraire tendu un miroir, celui de notre style de vie et de nos envies ».
Si c’était à refaire ? Toujours amusant de rouvrir le champ des possibles. Laurent Humblot avait aussi songé à un revêtement extérieur entièrement en métal. Ce sera finalement le tout-tuile, sans comparaison. Caroline aurait aimé équiper la maison d’une cheminée. Pour le plaisir du petit feu car elle est très bien isolée et chauffée. Cyril se montre bien plus radical : « Je la ferais toute noire ! Un pur monolithe ». De quoi faire bondir son épouse, qui déteste tout ce qui est foncé. Mais pourquoi rouvrir le champ des possibles quand l’harmonie est là ? L’orangé de la tuile, couleur de soleil, irradie une maison aimante, comme si elle en renvoyait les rayons à l’intérieur.
Grand Prix Architendance 2024 - Appel à projets
LA TUILE TERRE CUITE, MATÉRIAU D’ARCHITECTURE
Maison S
Un petit bijou…
…de tuiles flammées et dorées qui s’emblent s’allumer sous le soleil du Doubs. Tel est le mot de la fin de Sébastien, si fier, avec sa compagne Marie et leur petite fille Lili, d’avoir réalisé une maison réellement originale dans un petit village perché à 800 mètres d’altitude, à quelques kilomètres de Pontarlier.